Il avait dû, bien des fois, imaginer une suite à sa vie ordinaire. L’accablement le gagnait, quand ses rêves se heurtaient à la réalité. Une vie de labeur répétitive, heureusement éclairée par la lecture de récits de voyage.
La nuit, devant les écrans de contrôle du Parking Central, il fallait qu’il s’échappe. Il imaginait des cieux azuréens, en Europe, rien d’impossible. Les pays ensoleillés en bord de Méditerranée et l'idée d’une petite maison blanche aux volets bleus. C’était son dernier souhait à réaliser, plutôt accessible, après d’autres projets illusoires ; il apprenait à relativiser par rapport à sa personnalité solitaire.
Il est vrai qu’il avait fantasmé pour des destinations autrement plus lointaines, quand il était avec Mariette, ils avaient choisi le Tibet sur les traces d’Alexandra David-Néel. Puis avec Judith, l’Amazonie c'était imposée pour sa passion de Lèvi-Strauss. Auprès de Lila, le Grand Nord de Jean Malaurie était devenue leur boussole. Enfin, en compagnie de Maeva, les îles Marquises semblaient un retour à ses racines.
Toutes ces années, à faire des petits boulots afin de rester libre de partir, et laisser échapper ses conquêtes audacieuses.
Ce soir, comme tous les mardi, il irait jouer aux fléchettes avec ses copains et leur dire adieu avant de s’envoler pour la Croatie et sa nouvelle vie.