222 / LE LAC
En ce mois d'avril plutôt clément, j'arpente le sentier pierreux sinuant parmi
les mélèzes. Après une dernière montée, le lac majestueux et immobile s'offre à moi : il semble dormir !
Je m'arrête un moment afin de rependre mon souffle. En harmonie avec la beauté et la pureté de cette nature généreuse. Tout autour sur la hauteur de sombres épicéas sont au garde à vous. Pas le moindre bruit, le moindre souffle, ce silence
assourdissant m'oppresse, et une envie de bouger m'incite à faire le tour du lac : j'ai besoin de me sentir vivante. Ce faisant, je ne puis résister à l'envie de troubler cette surface lisse sur laquelle se mire un pan de ciel bleu, par quelques ricochets.
A la cime d'un arbre, un énorme rapace scrute l'horizon de son regard perçant.
Me voici revenue à mon point de départ, je fais une pose pour déguster un
délicieux pan-bagnat, quand dans un léger frôlement d'ailes une sorte de poule d'eau se pose mollement sur la surface, flotte et sans bruit disparait dans un
plongeon parfait. Amusée je la suis du regard jusqu'au moment où je la perds de vue.
Je m'apprête à prendre le chemin du retour lorsque j'entends de petits cris. Nul doute qu'une famille de marmottes en liesse et à peine sorties de léthargie mènent grand train, à la recherche de nourriture. J'espère avoir le bonheur d'apercevoir leurs adorables et malicieuses frimousses sur le chemin du retour.
Fin de ce silence contemplatif : La vie est bien là !
Colette 83