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220 - C’est la larme à l’œil que je vins, en toute amitié, me joindre au cortège de ma chère et tendre Amie.

Bourgeon, elle s’était transformée gracieusement en une jolie feuille dentelée d’un vert cru magnifique.  Tout le printemps puis l’été elle avait ondulé légère, sous la brise marine, à l’apogée de sa beauté. Sur sa branche, un écureuil roux aimait s’y prélasser.   

L’automne venant, les frimas du matin avaient terni sa fraicheur, la faisant paraître d’un marron vert terne. L’hiver installé, un rouge sombre l’a fit se recroqueviller. Libérée, elle tournoya lentement dans le vent frais jusqu’à s’offrir au doux tapis d’humus forestier.

Le peloton de fourmis gracieuses, délicatement, souleva la défunte, l’emportant respectueusement vers le centre d’une large souche d’érable, puis regagna les hôtes de ces bois.

Parmi eux, quelques troublions : Tous pics dehors, le hérisson râlait pour cause d’hibernation retardée. L’écureuil flamboyant, ne se rappelait plus pourquoi il était là. Apeuré, un faon se tenait prêt à fuir. De son terrier, une renarde rousse pointa son museau noir. Un vieux sanglier grognant, fouillait les bas-côtés, des larmes mouillant son gros groin. Un dix cors apparut majestueux. Tête levée haut, il brama à fendre l’âme, il rendait les honneurs à cette première feuille morte de l’hiver.  

En chœur, pour un dernier adieu, un léger vent-coulis donna le « la »  au doux bruissement des feuilles mortes, celles-là même se ramassant à la pelle … 

78 Cathy👩🏻‍🦯🦮