220 - Éphémère
La feuille morte était déposée auprès de l’arbre qui l’avait vu naître.
Le vent soufflait légèrement, la terre était humide, facile à retourner.
Son ami de toujours, un moucheron plutôt collant, avait voulu lui rendre hommage.
D’une voix chevretante, il insista sur la beauté de ses nervures, sa résistance au gros temps, son empathie pour les insectes qui furtivement se posaient sur elle, sa solidarité avec ses congénères et sa participation future à un humus de bonne qualité.
Moucheron, la larme à l’œil se sentait anéanti par cette grande perte.
Deux feuilles fletries et jaunies, anciennes voisines de la défunte chuchotaient, se lamentaient.
Elles étaient les dernières survivantes de cet arbre majestueux.
Elles savaient que le cycle de la vie reprendrait.
Que de nouvelles feuilles naitraient à la saison prochaine.
Agnès 83