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218 / NOËLS D'ANTAN
Ah, ces fameux Noëls de ma jeunesse ! C'était hier, et pourtant il y a si longtemps !
Du plus loin que je me souvienne, le mot "Noël" revenait dans les conversations et ce tout au long de l'année. En effet, il était de tradition de s'y préparer au gré des saisons.
Ainsi, l'été les étagères se voyaient garnies de bocaux de légumes et de fruits.


L'automne venu, les conserves de cèpes y tenaient une place de choix, ils sublimeraient la dinde aux marrons à Noël, car ce jour-là était le plus festif.
L'excitation montait dès le lever où les cadeaux étaient déballés à grand renfort d'exclamations et de papiers froissés. Nous devions nous replier dans la véranda avec l'interdiction de s'approcher de la cuisine, lieu saint du jour.
Très-tôt la table était dressée, en son milieu trônait un magnifique bouquet de houx.
Ma mère et ma tante s'activaient aux fourneaux qui empourpraient leurs visages.
Par moments, des exclamations fusaient.
Je conserve encore le parfum de ce fumet qui embaumait : effluves de la volaille et des cèpes qui crépitaient dans la poêle ! Sur un plateau les foies gras reposaient sur un
lit de cresson tout frais cueilli à la fontaine. Ajoutez à cela, les pâtés chauds à peine sortis du four qui nous faisaient frémir les papilles en exhalant un parfum de sarriette.
Ces délices seraient accompagnés d'un vin du Tarn. Au dessert , les bûches "maison" roulées dans un biscuit moëlleux nappé de chocolat noir termineraient en beauté ce
repas gargantuesque. Les esprits s'échauffant, il s'ensuivrait une cacophonie où tous parlaient en même temps. Au café servi avec l'incontournable "goutte" succèderait un air d'accordéon dans la cacophonie ambiante.
Simples et conviviaux, tels étaient les beaux Noëls de mon enfance !
Colette 83