La maison n’était ouverte que quelques jours par an. Dans le pays il se disait que ce n’était pas normal. Peut-être des trafiquants en cavale ? Va savoir? Le village était petit et les rumeurs allaient bon train. Cette maison nichée au fond de l’impasse”de la pie qui boite ’’n’était pas visible facilement. Des grands arbres centenaires masquaient la grille rouillée. Certains jours fériés, les volets étaient ouverts, c’était bien curieux.
Les voisins les plus proches, munis de jumelles, avaient aperçu des hommes de petites tailles portant des cartons qui rapidement se faufilaient dans la bâtisse. A croire que c’était des lutins, la thèse du trafic s’eloignait. Les seuls éléments probants étaient bien minces.
Ils venaient de préférence très tôt le matin, ouvraient volets et fenêtres. Un peu d’air n’était pas du luxe, on échafaudait des théories sur la salubrité, les toiles d’araignées, les odeurs. Au dernier conseil municipal, à l’unanimité la décision avait été prise, il y aurait un tour de garde afin de surveiller la dite demeure. Ça nous faisait tous travailler du chapeau. Des pots de l’amitié s’organisaient pour échanger nos informations. Ça rassemblait. Au fond, on n’avait pas tellement envie que cela s’arrête.
Agnès 83