209/ LES MARGOUILLEURS.
Dans la rue il régnait comme une odeur ou un je ne sais quoi d'ancien ...
Les traficoteurs tripatouillaient dans les poubelles pour y chercher fortune.
Dès le petit matin, la timide marchande de fleurs les avait disposées sur son cageot.
Le rempailleur de chaise hurlait 'mes fauteuils les beaux fauteuils mes fauteuils... Pendant que le marchand que peaux de lapin criait à tue tête : peaux d'lapin peaux... Et rien qu'à son odeur pestilentielle on savait que c'était lui. La gouaille, c'était un peu pour s'affirmer pour se dire qu'il n'était pas qu'un 'dépiauteur'... Qu'on l'entendait, qu'il était là, et ça lui donnait de l'importance.
Un jour où il était particulièrement en forme, son cri d'appel résonna tant et si bien dans la cour d'un immeuble qu'il fit dresser l'oreille d'un organisateur de fêtes foraines.
- Eh dites donc l'ami, pourriez-vous pousser la chansonnette ? Lui demanda-t-il.
Tout de suite 'son peau d'lapin peau' prit une tout autre dimension.
L'organisateur l'engagea sur le champ.
Et depuis, et pour sa plus grande joie, notre dépeceur s'use la peau en chantant dans les beuglants pour faire danser les gens.
Au moins là, on l'entend.
Il a trouvé sa voie.
🐭La Souris 83