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199/ LES DIRES DU PETIT
À deux doigts de la retraite, le cochonnet raconte comment il a été enlevé.
Dans ce mois de juin si doux et sous les marronniers en fleur, la partie avait été furieuse. À croire que les joueurs se vengeaient d'un printemps maussade qui les avait privés de leur rencontre quotidienne.


C'est le Jeannot qui pris d'un coup de bati-bati, en faisant un carreau m'expédia fissa de l'autre côté de la haie. Traversant les épineux d'aubépine, les joueurs firent irruption dans le square, mains et jambes en sang. Le club des tricoteuses assises juste en face eurent l'impression soudaine de vivre un épisode de la nuit des morts -vivants.
- Vous n'auriez pas vu le «petit» ? Un kiki cerclé de bleu blanc rouge...
-Jamais d'la vie ! Répondirent -elles en chœur.
Tu parles ! J'avais atterri dans le giron gris d'Huguette qui m'a vite caché au chaud dans sa boîte à ouvrages. Et là les amis ! Calfeutré, dorloté par les laines moelleuses je coulais des jours de félicité. Terminés les chocs violents ou les pets de vieille, entendez par là des frottis-frottas avec des boules en acier qui me faisaient un gringue de métal glacial.
Heureux ! Jusqu'à ce qu'un jour j'apprenne que ma bille est mise à prix ! C'est que je représente un souvenir important : la finale du tournoi régional. Alors vous comprenez mieux pourquoi mes écorchés vifs tiennent tellement à moi. Mais quand elles ont vu ça dans le canard, les mémés ont vite compris le bénéfice qu'elles pourraient tirer en monnayant leur prise de guerre.
Les coquines se sont un peu fait tirer l'oreille puis contre une belle rançon m'ont rendu à mes champions. Et maintenant vous ne devinerez jamais !
A la retraite, je trône bêtement sur une étagère de l'association des boulistes au milieu des coupes de la victoire fièrement dressées. Je me sens tellement ridicule tout seul. Si seulement on était deux ! Ce serait plus humain non ?
🐭La Souris 04