199/ACCORD PARFAIT
Dans ce quartier populaire de Saint-Pancrace, on ne s'étonnait plus des frasques des tricoteuses. Leur Paradis était pavé de bonnes intentions, partant au vu des résultats, c'était une approche de la Gehenne.
Elles envoyaient volontiers des chandails en Haute-Volta et des bikinis aux Esquimaux par pure charité.
Sur le cours ombragé de platanes, on dénombrait les équipes de triplette s'amalgamer venues briguer la coupe par extraordinaire. Le cochonnet avait été enlevé contre rançon, signé : « le gang».
On n'avait vu un tel racket depuis la prohibition ! Certes, on disposait de bouchons agréés par la fédération, mais un malaise planait... Ce cochonnet était un modèle pour la gent porcine depuis des générations. Jadis, il avait été consacré, n'ayant d'égale dans l'histoire que les dés et le gobelet avec lesquels les centurions avaient joué la tunique du supplicier. Son buis était d'un poli inaltérable. Une fois lancé, c'était un juge de paix, rares étaient ceux qui osaient le téter. Imperturbable sous le tir des canonniers, il n'admettait aucun compromis !
Alfred, responsable de la précieuse relique, admit qu'il était de son devoir de réunir le montant de la rançon. Il avoua qu'il avait trouvé la toupine, un trésor enterré dans une vieille marmite sous le seuil de sa maison. À l'intérieur, sous une pile d'emprunts russes se trouvaient quelques pièces qu'il n'avait pas encore inventoriées. On lui tomba dans les bras, les malheurs d'Alfred sauveraient le tournoi ! On se rendit en délégation à la maison des tricoteuses. La supérieure les accueillit avec sévérité.
- Mes fils, vous aurez à cœur d'être corrects, de faire montre de dignité et de retenue, Saint-Pancrace veillera sur vous, c'est entendu avec Fanny notre patronne. En cas de défaite, celle-ci sacrifiera pour la dernière fois au rituel du baiser. Allez en paix.
J'allais oublier voici votre cochonnet... Qui perd gagne !🐼