199/(1) AU POSTE
Alors que je parcourais la chronique des ''Histoires curieuses'' de la gendarmerie, un passage me rappela quelque chose.
C'était un samedi et tante Agathe, pomponnée telle une favorite royale, avait rejoint son club de tricoteuses.
Bavardes, un peu radoteuses mais joyeuses, le tricot était émaillé de gloussements. Ce jour-là, à proximité était organisé, sous l'œil amusé et un peu jaloux de deux gendarmes, le concours régional de pétanque. Les spectateurs autant que les boulistes étaient fort tapageurs. C'est au moment décisif, après les claquements des boules, les carreaux bruyants et sur les clameurs de vas-y Marcel, que le cochonnet était venu valdinguer aux pieds de tante Agathe. Prestement elle le ramassa, l'essuya et, mutine, le cacha dans son corsage. Les gendarmes suivis d'une bande de curieux arrivèrent pour le chercher. Bredouilles, force fut de déclarer l'interruption du concours qui devait être retransmis à la télévision en différé. Une rupture de contrat n'a rien d'anodin. C'est en se baissant pour chercher sa laine dans son cabas que le cochonnet évada de sa cage de dentelle pour s'en aller rouler en se dandinant jusqu'aux pieds de la maréchaussée. C'est ainsi que tante Agathe et deux de ses amies furent embarquées au poste.
A la question pourquoi ?
Roseline et sa sœur répondirent sur le ton le plus innocent : nous voulions demander une rançon pour offrir un chat à notre voisin qui est bien seul depuis que sa Janine est partie rejoindre les tricoteuses du paradis.
Et vous ? fit l'homme en bleu en fronçant les sourcils, êtes vous consciente que votre geste est inconsidèré et porte préjudice ma p'tite dame? Je suis dans l'obligation de dresser procès verbal.
Tantine rougit : que voulez -vous monsieur le gendarme fit-elle en serrant ses seins l'un contre l'autre, c'est l'âge, il y a un peu de mollesse maintenant dans les dentelles, ma poitrine n'est plus ce qu'elle était et ne tient plus ses promesses.
Le gendarme décontenancé par tant d'ingénuité se demanda comment il allait rédiger ça. Une fois le papier signé, il relâcha les prévenues. C'est en allant la récupérer au poste de la gendarmerie que nous avons su l'histoire.
Et c'est cette histoire qui ressort dans la chronique aujourd'hui.
Pauvre tante Agathe ça fait un bail que tu nous à quittés mais tu fais encore la belle dans les journaux.
🐭 La souris 04