logo esterel

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot .

196/PORT DÛ
A Sartre-ou-ville, c'est les grands départs. On se presse... ça urge. Déjà la cohue maitrisée, on n'est pas des sauvages. L'auto discipline on la pratique quoique chacun pour soi. Quand on connaît bien l'autre, on se canalise, une telle presse c'est presque incroyable !


Moi qui vous parle j'ai connu la petite halte en pleins champs. On n'est plus sur le même registre, dame, l'astroport et sa rampe de fusées dressées à longue portée, c'est plus qu'un spectacle, une conjoncture. Un voyage interplanétaire, il n'y en aura pas pour tout le monde. Happy-few, déçus mais capitalistes quand même, frustrés, mal logés, pas bien ou idéalistes, jusqu'où iront-ils tourner. Il est prévu d'emporter quelques pauvres : il faut de tout pour faire un monde et qui ferait le ménage dans la station orbitale ?
Je l'ai dit, la foule a un désordre construit, une conscience de masse, une force irrésistible. Moi, dans ma bulle je regarde la boule de verre, je la retourne pour voir les flocons de neige descendre sur le village. Une rue le traverse atteint la gare, une maisonnette aux coins de briques. Le chef de gare, guichetier, garde barrière, porteur aussi... Un unique quai, la vie duraille quoi, une odeur de fumée, un tchouk-tchouk, le drapeau rouge, le sifflet.
Le machinot, gueule noire, les yeux blancs sous les lunettes ajustées, lâche un jet de vapeur, la rame s'ébranle. Dans l'unique wagon de voyageurs, commère, poules, lapins, iront au marché. Quelques potaches retournent au pensionnat. Et moi et moi ? La nuit de mon lit je perçois au lointain la file ininterrompue du train de marchandises, des centaines de fourgons tampons contre tampons. Voilà. Il y a lulure, c'était avant, quoi ! Comment vais-je retrouver ma famille, mon passé, sans gare de barrière ? Je dois vivre avec mon temps et me projeter à l'air du Verseau...
🐼 Claud'ours 83