196/ (2)LES VOYAGEURS
à destination de... Je tourne... tourne la tête, monte sur la pointe des pieds, la main en visière je vire comme un sémaphore... Rien... Il a disparu !

Devant moi une bimbo blonde dégage l'odeur d'un parfum chaud qui comme moi a tourné ! Cette pensée m'amuse un court instant. Vite l'inquiétude me gagne, il a les billets, les bagages sont enregistrés ne me reste que mon sac de cabine que je serre contre moi. Je quitte la file joyeuse, excitée par l'issue d'un voyage sous les cocotiers. Je comprends que mon beau rêve ne restera qu'une image idyllique de mer bleu turquoise et de palmiers ébouriffés. Un mirage. C'est dommage tout de même d'avoir quitté mon mari dont la dignité forçait le respect et notre maison de banlieue qui me paraissait si triste pour ce bellâtre qui m'offrait des guirlandes de je t'aime ponctuées de baisers fougueux. J'en avais besoin probablement, il avait su combler un manque et me sortir d'une routine taciturne en me promettant une vie animée de folles soirées, et des voyages à l'autre bout du monde... Ah les voyages !
J'en étais là de mes pensées lorsque je l'aperçois en haut de l'escalator déjà proche de la porte d'embarquement... d'un bond je me lève, hurle son nom... Et qui vois-je accrochée à son bras ? la bimbo puante !
Dans mon malheur, d'un petit sourire ironique, je me dis: sûr son odeur va lui porter au cœur !
Et au mien aussi !
🐭La Souris 83