195/ VACANCES HORS DU TEMPS

Un clic dans la boîte aux lettres : Le facteur est passé, je vais voir ce qu'il m'a déposé.
Publicités en tout genre et au milieu de ce fatras, apparait une carte postale ornée d'un
timbre espagnol : Une magnifique vue d'Alméria et de sa plage envoyée par mon amie
Johanna.

Aussitôt les souvenirs affluent ... J'avais 20 ans, la tête dans les étoiles et pleine de rêves. Avec mon ami très cher, nous avions décidé d'aller dans cette région à l'époque peu fréquentée par les touristes.
Nous vivions très près de la nature et campions sur un petit terrain, " sans heures pieds dans l'eau". Très tôt le matin dans la pinède, le chant des cigales emplissait l'espace et quelques pêcheurs embarquaient sur leur petits bateaux, dans quelques heures ils ramèneraient des poissons encore frétillants que l'on ferait griller après les avoir farcis d'aromates.
Le temps s'écoulait sans heurt au gré des promenades sur la plage où le sable doux cachait parfois de beaux coquillages. Au pied d'une falaise escarpée les figues de Barbarie d'un jaune éclatant gonflées à souhait attendaient d'être cueillies... Point de gants, point de figues !
Le temps et la mer nous appartenaient, nous vivions de manière spartiate pour mon plus grand plaisir. Nous passions le plus clair du temps dans l'eau dont l'azur changeant me donnait l'envie de m'y perdre.
Ce furent des vacances idylliques au souvenir indélébile ancré dans mon coeur !
A l'automne, suite à certains symptômes, il a été diagnostiqué à mon ami (23 ans), une tumeur cérébrale qui l'a terrassé en 3 mois malgré une lourde intervention chirurgicale. Cette lame de fond a tout balayé sur son passage me laissant désarmée et noyée de chagrin. Ainsi qu'on se plait à le dire, "le temps est un grand Maître" et avec quelques balbutiements j'ai pu renaître à la vie.
COLETTE 83