194 – De la terre à l’espace.
Assis seul au fond de la classe, c’était un élève chétif au petit visage orné de lunettes rondes. Devenu la tête de turc par la force des choses, limite transparent, il se faisait souvent oublier.
Assurément précoce, il excellait dans toutes les matières sauf en sport … On ne peut pas être bon en tout ! Chahuté pendant les récréations, il longeait les murs. Un jour où la moutarde à force de me monter au nez, je vins à, comment dire, remettre les pendules à l’heure et les barres au T … C’était trop injuste, moi le Caliméro en culottes courtes ! Chaque jour nous nous découvrions un peu plus. Complémentaires, nous nous entraidions entre maths et français. Il m’entraînait à la bibliothèque et moi au stade de foot ! Je pris goût à la lecture et lui au sport. Déjà classé, il m’apprit toutes les ficelles des échecs.
Ce furent là les plus belles années charnières, base de notre future vie riche d’une amitié sincère et profonde.
Quelques déménagements plus tard, nous nous perdîmes de vue, à notre plus grand désespoir. Une si belle amitié ne pouvait s’éteindre de la sorte !
Par hasard, sur les réseaux sociaux, je le retrouvais incidemment. Il avait fait un bond de géant de l’autre côté de l’atlantique. Pilote de chasse, désormais il candidatait pour une place dans la station spatiale.
Que de chemin parcouru … En quelques clics et un appel longue distance, nous nous retrouvâmes enfin !! Un délicieux accent avait gommé celui du titi parisien. En visio, nous découvrîmes nos têtes d’adultes, avec les premières rides et des fils d’argent dans nos chevelures!
Jour du grand départ de Cap Canaveral, nous nous fîmes la plus belle des accolades. Moi au sol, lui en route vers la station orbitale !
78 Cathy👩🏻🦯🦮