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194/(1)UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE...

C'était une visite régulière même quotidienne depuis qu'ils avaient retapissé ma chambre. J'adorais ce papier fond blanc animé de personnages et animaux d'un bleu doux.

Au dîner je me pressais d'avaler ma dernière lampée de soupe pour monter les retrouver dans mon refuge de petite fille. Je m'asseyais au pied du lit et, commençait alors ce délicieux moment de complicité. Je rentrais dans le dessin de la toile de Jouy en me laissant aller à la rêverie. La fermière m' attendait près du puits en compagnie de son garçon qui portait un seau suivi de son petit chien. J'enviais cette famille ou un rituel calme était établi. J'étais la sœur de cœur de ce petit garçon moi qui aurais tant voulu en avoir un de frère, que celui-ci me convenait très bien. Je lui confiais tous mes secrets. C'est ça la solitude d'une fille unique, on va confier son intimité à une figure de papier.
Je vivais au milieu d'eux avec leurs animaux, presque je sentais la douceur de l'eau des profondeurs qui n'avait rien à voir avec celle qui sortait du robinet.
Cette connivence m'aida à passer l'adolescence relativement en douceur. Jusqu'à ce qu'à mon retour, un weekend, je découvre les murs peints uniformément blancs !
Mes confidents étaient partis emmenant mon regard d'enfant...
Oh j'ai bien essayé de revisualiser au plus exact ma famille bleu tendre mais la sérénité, la certitude que ma confiance est bien placée, je ne l'ai plus jamais ressentie...
Encore maintenant j'envie cette période où je me sentais accueillie avec bienveillance et pour la première fois j'étais confrontée à une séparation définitive.
Cette phrase de Lamartine : un seul être vous manque et tout est dépeuplé...
Je me suis dit c'est exactement ça !
🐭 La Souris 83