193/UN RETOUR AUX SOURCES
Odilon-Feutre dit le Tuba-de-laine venait de débarquer à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Il devait se l'avouer, les sons et les couleurs, même les odeurs, tout participait à son enchantement. Ce campement misérable au regard des pays qu'il avait parcouru, des mégapoles avec leurs stades remplis, leurs salles triomphales, c'était bien le cœur palpitant de sa tribu.
Quatre roulottes en arc de cercle, un feu de camp, des ombres dansantes. Malgré la fatigue, les travaux, la fête s'annonçait dans la soirée. En Camargue, les enfants du voyage s'arrêtaient là, depuis des temps immémoriaux, semblables aux oiseaux qui venaient s'y reposer. L'idée, peut-être originale, serait de célébrer les flamants roses sur le bleu vert du lagon... Participer à cet Eden et, de là, déjà composer un nouvel ouvrage. Envisager une autre tournée. Sur l'autre hémisphère les saisons sont inversées. Alors, quand serait l'été à Sidney ? L'hiver, je serai à Melbourne...
La nuit, les bruits sont en fête. Il avait le titre de son album.
On réanima le feu, les guitares résonnaient. Les gens du voyage ne se souvenaient pas d'être jamais allés si loin, même pour tout l'or du monde... Ce soir-là, la fête bâtit son plein, toute la Provence s'était donnée rendez-vous. Odilon-Feutre est reparti sur les routes, en roulotte, avec les gitans, on improvise, mais on reste groupé ! Au pas des mules, du Mas Thibert jusqu'au Mas d'Azil, faut voir, c'était le sud...
🐼Claud'Ours 83