180/🐼LA CHUTE DU ZAMBÈZE
Les préparatifs d'une partie de campagne passèrent inaperçus. Les enfants couchés plus tôt, il faisait encore un jour.
Au petit matin encore sombre, le départ ! Où allons-nous ? Chut ! Aux chutes du Zambèze... C'est ainsi qu'on répondait aux petits curieux.
Nous découvrons le cadre de vie des parents de papa. Sur une hauteur, un talus herbeux de quelques ares, ancien terrain militaire. En guise d'habitation, une casemate enterrée. Un appareillage de pierres et de briques soutient les arcatures de la porte et des fenêtres, le couloir dessert 4 pièces voûtées dont deux obscures.
Il fallait vider cet abri antiatomique. Nous fûmes surpris d'y trouver des meubles d'époque, le trousseau, la photo des mariés.
On va brûler toutes ces horreurs, dit maman.
Il fallut tout sortir. Il était bientôt midi, nous avions faim. Sur l'esplanade, on remis debout la salle à manger Henri II, la table à rallonges avec ses colonnettes, la desserte, les chaises haute-époque en cuir gaufré et même l'irrédentiste buffet deux corps sans sa corniche. Le panneau central est enrichi d'une scène de chasse, sculptée en relief, entourée de deux mascarons. S'en échappe le visage de deux valets sous un béret, le départ de la collerette et les manches à crevé. Un sanglier furieux défend sa vie sous l'outrage de la lance devant chiens et chevaux.
Maman avait bien fait les choses, de belles tranches de pain, de la charcuterie et des cerises pour dessert. Pourtant, l'atmosphère était compassée. Les enfants affectaient une politesse qui ne leur était pas coutumière. On passait les plats avec componction, on s'essuyait les lèvres après avoir bu. Le service de Gien orné de bleu trônait sur la desserte a côté d'une coupe de fruits aux couleurs dignes de Bernard Palissy ! Grâce à ce décor, impossible d'ignorer la Renaissance, le Camp du drap d'Or, et la date de 1515.
Récemment, le terrain a été loti. Puisse la mairie de T... laisser un espace dédié aux repas sur l'herbe !
🐼 Claud'ours 83