Manuscrits
Parmi la trentaine de manuscrits conservés dans le fonds ancien de la médiathèque, le Sacramentaire à l’usage de Fréjus est assurément le plus ancien et le plus admirable. Il a été réalisé entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle pour servir dès l’origine aux chanoines de la cathédrale, ou du moins acquis pour leur usage, comme en attesterait l’évocation de première main dans le calendrier, des saints locaux Léonce et Raphaël, ainsi que la fête de la dédicace de la cathédrale fixée au 22 septembre.
Ce livre de prières pour les messes et les sacrements compte 178 feuillets de parchemin rédigés dans une écriture gothique anguleuse et resserrée qui permettait au copiste d’économiser temps d’écriture et surface disponible. La décoration y est sobre et traditionnelle : parties de texte rubriquées et initiales alternativement rouges, bleues ou noires, ornées de filigranes. Les premières lettres du canon de la messe présentent une ornementation de tradition romane de très belle qualité constituée de feuilles d’acanthes, d’entrelacs et de décors géométrique et zoomorphe. Au verso du f°30 se trouve une pleine page enluminée beaucoup plus naturaliste représentant le Calvaire. La figure centrale du Christ souffrant sur la croix est issue de la tradition iconographique du Christus patiens : celui-ci montre ses plaies saignantes ; il a les yeux mi-clos, la tête inclinée et le corps fléchi, autant de caractéristiques, avec le périzonium s’arrêtant au-dessus des genoux, qui permettent une datation de la première moitié du XIIIe siècle. Le Christ porte le nimbe crucifère et est accompagné de la Vierge et de saint Jean l’évangéliste, dont les silhouettes apparaissent très allongées. Le fond bipartite constitué de quadrilobes rouges et noirs sur lequel s’inscrit cette scène est illustré des représentations de la lune et du soleil qui scindent symboliquement l’espace de part et d’autre de la croix entre les ténèbres et la lumière.
Enfin, de nombreuses annotations marginales témoignent des utilisations successives de ce précieux manuscrit, tout comme des évolutions de la liturgie.
Bibliographie :
- Victor Leroquais, Les sacramentaires et les missels manuscrits des bibliothèques publiques de France, t. 2, Paris, 1924, p. 31-32.
- Victor Saxer, « Date et provenance d'un sacramentaire du XIIe siècle conservé à Fréjus, Bibliothèque municipale, ms. 1 », dans Scriptorium, t. 8-2 (1954), p. 289-290.
- Victor Saxer « “Reconsidération” du manuscrit 1 de la Bibliothèque municipale de Fréjus, Sacramentaire de la cathédrale », dans Scriptorium, t. 12-2 (1958), p. 269-275.
- Victor Saxer, « Saints diocésains de Fréjus dans les livres liturgiques du XIe au XVIIe siècle », dans Provence historique, t. 42 (1992), p. 441-456.
Autre manuscrit provenant du fonds ancien de la Médiathèque, jadis propriété de la famille Castellane, le traité d’hippologie ou Art du vétérinaire.
Rédigé par un auteur anonyme au XVe siècle, cet ouvrage présente la traduction provençale du De medicina equorum de Giordano Ruffo, traité de « maréchalerie » écrit vers 1250 par le « chevalier de l’écurie » de l’empereur Frédéric II, grand amateur de sciences naturelles et personnellement impliqué dans l’élevage des chevaux.
Ce texte novateur fondé sur l’expérience et l’observation est un véritable traité d’hippologie, dans lequel les pratiques magiques et superstitieuses ont été bannies au profit d’une étude plus rationnelle portant sur la reproduction et la naissance du cheval, son dressage, son entretien, ses maladies et leurs différents remèdes. Il existe à ce jour 47 manuscrits en langue vulgaire (2 en sicilien et 4 en français), une édition incunable et 6 éditions postérieures issus du texte latin.
Bibliographie :
- POULLE-DRIEUX Yvonne, « Savoir soigner les chevaux dans l’Occident latin, de la fin de l’Antiquité à la Renaissance », in Schedae, 2009, prépublication n°19, fasc. 2, P. 143-152.
- MEYER Paul, « Notice sur un ms. de Fréjus contenant des traités de médecine vétérinaire », in Romania, tome XXIII, n°91, juillet-septembre 1894, p. 349-357.